
Votre fidèle bloggeur n'est pas qu'un fan de jazz. Il est aussi, moins aujourd'hui il est vrai, un grand amateur de rap. Américain principalement. Pour ne pas dire uniquement. Alors comment ne pas résister, pour copier sur les idées d'Antoine (lol), à vous présenter non pas mon Top 5, trop dur, ni même mon Top 10, encore trop difficile, mais mon Top 15! J'ose. Avec deux bonus en prime à la fin. Vous verrez. (le mec qui se fait des petits plaisirs, comme ça, gratuits)
Encore une liste d'albums commentés et ennuyeuse diront certains. Déjà fait diront d'autres. A ce niveau là, je ne cherche ni à intéresser, ni à innover ça tombe bien. Juste une petite liste sympatoche de mes 15 albums de rap préférés et que je continue à écouter. Critères purement subjectifs je le concède. Sauf qu'à y écouter de plus près, il n'est pas évident de dresser une liste de 15 albums d'une musique qui peut parraitre répétitive et qui bien souvent apparait comme relativement hétérogène au fil des pistes (Nombreux sont les mauvais albums de rap avec un seul voir deux tubes à l'intérieur). Ici, que néni! Que du bon. Enfin pour moi. De la première à la dernière plage de l'album.
Voici donc mon Top 15 des meilleurs albums rap ricain selon moi:
ps: la liste n'est pas dressée par ordre de préférence.
1: De la Soul: "Three Feet High and Rising". Voilà un album haut en couleur qui trancha, pour son époque (fin des années 1980 début des années 1990), avec le rap contestataire d'un Public Enemy en se voulant clairement ludique, drôle (écoutez les skits - complètements nouveaux encore pour l'époque - et le jeu complètement débile auquel participe le trio que compose De la Soul pour vous faire une idée de l'univers potache de ce groupe) et Peace and Love (voir en ce sens la pochette très Power Flower). Puis surtout, des tubes que l'on doit au génialissime producteur Prince Paul: Jennifer, Me myself and I, The ghetto thang, The magic number, Buddy, D. A. I. S. Y. AGE, etc. Un album qui garde, après 18 ans déjà, une fraicheur et une candeur intactes!
2: A Tribe Called Quest: "The low end theory" .Nom de groupe intriguant pour commencer. Pochettes toujours super stylées. Sons jazzy, voix nasillarde de Q-Tip, figure de proue de la Native Tongue. Du très bon conscience Hip Hop comme Mos Def le dirait aujourd'hui. Tous leurs albums sont des tueries, mis à part peut-être leur tout dernier qui augurait déjà d'une véléité de splitter de la part des membres du groupe. Depuis, chacun sort son album solo: Q-Tip (le plus abouti depuis la fin d'ATCQ), Ali Shaheed Muhamad avec le group de funk r'n'b Lucy Pearl (Bon pour les Dance Floor, vite oubliable) et Phife Dawg (décevant).
3: Black Star: "Mos Def and Talib Kweli are Black star". Sorti en 1998 sur le label Rawkus alors à cette époque Le label underground à suivre, cet album est tout simplement un pur joyau. Les voix différentes et complémentaires (Def dans le nasillard et le posé, Kweli dans le combatif), les producteurs triés sur le volet (88 Keys, DJ High Teck, DJ Rawls, Mr Walt, etc), les lyrics conscients et critiquant un certain rap "bling bling" ainsi que la pochette (super dessin) font de cet opus un objet esthétique à conserver, à écouter et à aimer. Aujourd'hui, avec le succès de cet album (surtout outre atlantique), chacun à sorti plusieurs albums solos (mieux réussis pour Def que pour Kweli) et un membre du groupe (Mos Def) à même tenté l'aventure du cinéma (en demi teinte: "Bamboozled" par Spike Lee bien, "15 Blocks" avec le sauveur du Monde Bruce Willis, moins bien). En attendant l'hypothéthique deuxième galette de cet excellent duo.
4: The Roots: "Things fall appart": Encore un groupe qui n'a pas sorti un seul album pourri. Rare dans le rap il faut dire. D'autant plus qu'en l'espèce le groupe joue sur de vrais instrus. Stop les Technics MK 2. Ici: ?uestlove joue de la batterie, Ahmir Thompson du clavier (il jouera également sur les albums de la belle et talentueuse chanteuse Erika Badu), etc. Puis le flow impressionant de Black Thought qui lie le tout. Le groupe est une grosse nébuleuse sur laquelle se greffe toute une série d'artistes aussi doués les uns que les autres: Rahzel (the Human Beat box), Scratch, Common, etc. Ici, "Things fall appart" reste mon album préféré car le plus jazzy, le plus homogène et le plus abouti jusqu'à maintenant.
5: Gangstarr: "Full-Clip : A decade of Gangstar" : Duo mythique de la grosse pomme constitué du rappeur Guru et du légendaire DJ producteur DJ Premier. Comment faire de la merde avec un des lyricistes les plus politisés du moment et L'indétrônable producteur de beats "bankable" de New-York. Les morceaux sont acérés, efficaces, urbains à souhait, puissants. Les superlatifs seraient insuffisants. Ce double album recense tous les meilleurs titres que le duo a produit entre 1989 et 1999. Autant dire, un double album fait que de pépites! Tout est bon chez Gang Starr il n'y a rien à jeter! Le groupe de rap à écouter d'urgence si vous ne le connaissez pas et si vous voulez vous mettre au rap.
6: The Pharcyde: "Labcabincalifornia": Premier groupe de la côte ouest pour l'instant. Et lequel!! Encore une bande d'artistes qui surfent surt le côté nonchalant que l'on prête à la Californie. Ici au menu: beats smooths, jazzy, voix shootées à l'élhium. A noter, cet album connait une "extended version" avec deux autres morceaux dont le sublimissime "Emerald Butterfly". Trouvable qu'en import. Oubliez la FNAC. Elle ne dessert que les corbeaux!
7: Blackmoon: "Enta da stage". Un groupe de rap pas bien connu ce côté là de l'Atlantique. Mais putain de bon. L'équipe: rappeurs: 5 Ft, Buckshot; Producteurs: Da Beatminerz, a.k.a Dj Evil Dee & Mr Walt. Du bon rap hardcore comme on l'aime. Des beats biens gras, des basses lourdes, un grain sale et minimaliste, des voix rauques. Les bas fonds de NYC en somme. On tient là les précurseurs du futur son Wu Tang. Ce groupe a laissé quelques hits restés en haute place dans le Bilboard: "Who got the props", "How many Emcee's must get dissed" pour ne citer que deux exemples. A écouter égalemment leurs albums suivants: "WarZone", "Total Eclipse".
8: J-Live: "The Best Part". Cet album est en réalité une compilation de tous les EPs qu'il a sorti précedemment. Donc, une compile de tubes pour dire court. J-Live c'est tout d'abord un flow incroyable. On se demande s'il prend son souffle de temps en temps. Ne serait-ce que pour respirer (voir en ce sens le titre "Braggin' writes" qui se fou de la gueule des wack emcee's). Puis c'est surtout le digne représentant d'un rap éclairé, l'héritier d'un KRS One pour le côté "edutainment". Ses albums suivants sont plus décevants. Difficile de faire mieux quand on a atteind des sommets avec le premier en même temps!
9: Bahamadia: "Kollage". Une rappeuse. Non c'est pas diam's. Désolé. C'est bien mieux, moins con et teenage aussi. Là, t'as la classe d'une voix posée, super calée dans le rythme au point que tu hoches la tête au bout de deux secondes alors même que les sons sont plutôt cool dans l'ensemble. Dommage qu'on ne l'entende plus aujourd'hui. Elle avait pourtant réussi à intéresser l'Europe, notamment grâce à sa prestation repérée sur l'album de drum & bass de Roni Size: "Represents New Forms".
10: Nas: "Illmatic". Le premier album du "king of Queens" et meilleur album jusqu'à ce jour. Pourquoi fait-il que des albums de merde depuis. La grosse tête peut-être? Un manque d'inspiration? La raison se trouve peut-être dans le choix navrant des producteurs qu'il opère aujourd'hui. Quand il n'y a plus DJ Premier, Pete Rock ou encore Large Prof, ça va tout de suite moins bien c'est sûr!
11: Wu Tang Clan: "Enter the Wu Tang (The 36th Chambers)": Ils ont quelque part révolutionné le rap comme Public Enemy a pu le faire en son temps. Notamment avec l'introduction de sons crades, souvent tirés de BOF de sabre, une notion de clan avec ses codes. Leur premier album, comme souvent, montre bien cette petite révolution: les rappeurs enchainnent leurs flows comme dans un combat. Aujourd'hui que reste t-il du Wu? Une grande machine commerciale qui s'adonne dans le marchandising le plus bas ( A quand le dentifrice Wu Tang?) et qui perd ses plus iconoclastes individualités (Ol' dirty Bastard) à cause de réglements de compte ou de bêtes histoires de drogue. Parce que le rap, c'est aussi ça.
12: Goodie Mob: "Soul Food". J'aurai pu vous parler d'Outkast pour évoquer la South Coast. Mais tout le monde connait ce groupe. Plus intéressant donc de vous présenter celui-ci. L'album est emprunt de gospels (le sud en même temps) bienvenus, de mélodies entêtantes, de beats ralentis et organiques, de personalités parfois hargneuses au micro. A écouter pour se faire une idée de la diversité du rap aux USA.
13: Cru: "Da dirty 30". Ils sont presque passés inaperçus en France. Je dis presque, parce que les radios ont passé leur tube: "just another case" feat Slick Rick il y a quelques années (1997 je crois). Avec un air de guitarre jazz et la voix cassée de Slick qui résonnent encore dans mes oreilles. J'avais acheté le 2 titres, peinant à trouver l'album complet (que j'ai finalement honteusement téléchargé sur la Mule). Et il faut dire que l'album, quoique un peu long, est à la hauteur de ce single. Encore une fois, la recette magique qui me plait tout particulièrement: des sons jazzys, des voix singulières et acidulées, quelques featurings intelligents mais pas trop, pas de prétention, des textes pas trop cons non plus. Et le tour est joué. Aujourd'hui The Cru? Disparus de la circulation. Peut-être gardiens de parking comme Arnold de la série "Arnold & Willy".
14: Kool Keith: "Black Elvis/Lost in Space". Voilà un rappeur complètement déjanté, décalé, hors circuit, off beat. Kool Keith a développé plein de personnages (Dr Octagon, Dr Natgaco, Dr Doom, etc) au point de ne plus savoir qui il est. Son rap est celui d'un gros schyzo obsédé sexuel. Dans ses textes, il s'interroge sur l'utilité de la masturbation, les perversions sexuelles. Mais il critique aussi les travers de l'industrie du rap qui obligent aujourd'hui un jeune artiste à se produire sur une grosse major, se payer des featurings de luxe, des prods de Dj à la mode pour devenir des stars. Lui, il s'en fou, produit bien souvent tout seul ses propres morceaux (ce qui fait que parfois les sons sont limites) et continue sa route depuis ses débuts au sein des Ultramagnetic MC's. Un freak en somme.
15: Snoop Doggy Dog: "Doggystyle". Facile je le reconnais. En même temps, difficile de ne pas citer ce disque produit par Dr Dre aux discours irrévérencieux, particulièrement pour le deuxième sexe. Lui, Snoop, il est toujours là, en haut des charts. Il continue à faire semblant d'être un gangsta tout en menant une vie tout à fait ordinnaire avec sa femme, ses enfants, sa PS 3 et ses Blunt Brotha'. C'est en s'assagissant qu'on perdure dans ce métier. Biaiaiatchhh!!!!
J'aurai pu vous parler égalemment de Jeru the Damaja, d'Afu Ra, de Mobb Deep, de Redman, KRS 1, Brand Nubian, Cypress Hill, OC, D.I.T.C., Pete Rock and C.L. Smooth, Busta Rhymes, Slum Village, MF Doom, Jurassic 5, etc. Mais ça ne faisait plus un Top 15 alors.
les BONUS: Compilations
1: "Soundbombing volume 1": Premier volume et meilleur de trois compilations produites par Rawkus records. On y retrouve les débuts émouvants de Mos Def, du premier groupe de Talib Kweli, Reflection Eternal, et des artistes moins connus et assez hardcore comme Ra the Rugger man, Company Flow, Sir Menelik, etc. Le tout mixé par le très bon Evil Dee des Beatminerz.
2: "New-York Reallity Check 101": Compilation mixée par DJ Premier pour Payday record. Du son urbain underground bien crade qui ne passe jamais sur les bandes FM. Avec le temps, nombreux sont les artistes (Company Flow, J-Live notamment) choisis sur cette compile que l'on retrouvera plus tard avec, disons, une reconnaissance et une couverture médiatique élargies.