
C'est peut-être parce que je vais bientôt avoir 27 ans et que je vieillis que je me mets à apprécier et à écouter de plus en plus de jazz vocal. Il y a 10 ans je trouvais ça tout simplement ringard. Du jazz à papa en somme. Un truc pour les vieux croulants. Pas assez punchy, trop lisse, désuet.
Et voilà que je pense tout le contraire aujourd'hui. Il y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis parrait-il . . .
Attention, je suis toujours aussi friand de jazz instrumental. Mais la voix apporte quelque chose d'organique, quelque chose de poignant dans lequel on peut se plaire, se perdre. Au fond, ce changement de point de vue de ma part ne m'étonne qu'à moitié. J'ai toujours eu un faible pour la mélodie, les standards, le jazz traditionnel en quelque sorte. Mon côté centriste sûrement!
Je "livre à votre sagacité" (Petit clin d'oeil à notre ancien prof d'éco du Master à l'IEPG) 5 organes vibrants à découvrir ou à redécouvir:
1: Ella Fitzgerald. Difficile de ne pas commencer par les maitres(sses) incontesté(es) du genre! Tout est bon chez elle: Un timbre exceptionnel, un swing monstrueux, une classe sans pareil.
à écouter: N'importe quel Best Off ou Song Book sorti sur Verve.
2: Billie Holliday. Plus poignante que sa consoeur Fitsgerald, plus intimiste aussi. Une vie tragique sui se ressent dans cette voix de prime abord fluette, voir nasillarde. Billie, c'est comme John Coltrane, on rentre dans son oeuvre lentement, plus difficilement que pour d'autres artistes.
à écouter: Rétrospective, 1935-1952, Saga.
3: Dianne Reeves. Pour être honnête, ses débuts m'ont fait chier. Trop free. Puis début des années 2000, elle nous sort deux pépites remplies de standards: "A little Moon light" et la BOF de "Good Night and good lucks" (qui a elle seule vaut le coup de regarder le deuxième film de George Clooney, au passage un peu trop lisse et intello. Et surtout moins réussi que son surprenant et paranoïaque "Confessions d'un homme dangereux" avec le sous-estimé et sous-exploité Sam Rockwell)). Ses musiciens ne sont pas étrangers à la qualité de ses albums: Gregory Hutchinson (batterie), Ruben Rogers (Contrebass) et Peter Martin (piano) formant un trio brillant et ayant déjà fait ses preuves au sein du dernier quartet acoustique de Joshua Redman. Pas de chi chi ici: ça joue. Ca joue bien. C'est tout ce qu'on demande!
à écouter: "A little Moonlight", "Good Night and good luck" SOUNDTRACK
4: Elisabeth Kontomanou: Chanteuse française d'origine gréco-africaine, Kontomanou est la récente sensation jazz vocal de ces dernières années. Elle a cette originalité de placer sa voix au fond de la note, presque en retard sur le temps on dirait. Elle a surtout le talent de remettre au goût du jour et de booster des morceaux comme "Sunny" de Bonney M avec un John Scofield parfait à l'accompagnement guitaristique. On ne se lasse pas des vocalises audacieuses et toujours justes de cette brillante chanteuse de jazz!
A écouter: "Midnight sun", "Waiting for spring", Nocturne.
5: Bobby Mc Ferrin: Fallait bien, parité oblige, que je place un mec dans cette palette musicale! Et pas n'importe lequel s'il vous plait! Monsieur Bobby Mc Ferrin, chanteur afro-américain de jazz, fils de parents musiciens et chanteurs d'opéras, capable de chanter tout en s'accompagnant en immitant les sons de batterie, de contrebasse, etc (écoutez "Spontaneous Inventions" pour vous faire une idée de ce que je vous dis). Tout simplement bleuffant! Et surtout swingant, drôle et toujours musical. Un grand, un très grand Monsieur.
A écouter: "Play" (en duo avec Chick Corea, album exceptionnel d'improvisation savante!), Circle Songs (album a cappella aux sonorités africaines envoutantes), "Beyond Words" (Album world déjà classique).