Friday, October 13, 2006

Génération précaire: reparlons-en!

Je pense que beaucoup d'entre-vous connaisse ce collectif, Génération Précaire. En deux mots et pour resituer leur action: il s'agit d'un mouvement qui a émergé à la suite de manifestations spontannées en 2005 à Paris et qui revendique un véritable statut du stagiaire inscrit dans le code du travail français pour lutter contre toute forme d'abus. Et Dieu sait qu'il en existe des abus dans ce domaine là! Le mouvement parle même, en évoquant la masse de stagiaires travaillant aujourd'hui en France, d'une "véritable armée de réserve". Un peu marxiste certes, mais leurs revendications ne sont pas infondées.

J'étais à Bruxelles, en stage, lorsque j'ai entendu pour la première fois parler de ce mouvement. Et tout de suite je me suis senti proche de leurs idées. Tout simplement parce que comme beaucoup de jeunes étudiants, j'ai été amené dans mon parcours universitaire à faire des stages obligatoires. Mon premier fut non-rémunéré. Mon second l'était. Reste que les entreprises, et même les administrations (qui devraient donner l'exemple je trouve), en profitent car un stagiaire: c'est de la matière grise pas chère voir gratuite, en grande quantité, donc facile à trouver, corvéable à mercie, car intéressé par une évolution dans la boite, et facile à virer, car sans protection au regard du code du travail.

Rien dans la loi ne protège le stagiaire. Il faut remonter à un décret de 1976 permettant aux entreprises, sous condition d'indemniser leurs stagiaires au moins 350 € par mois, d'obtenir des réductions de charges sociales, pour trouver une trace du "statut" du stagiaire dans la loi. Je vous laisse imaginer la suite. Ce décret à donc, malgré l'esprit du texte, poussé les entreprises à ne rémunérer leurs stagiaires qu'à hauteur de 350 € par mois pour être en conformité avec la loi française. Pas plus, pas moins.

Pire encore sont les structures publiques! Car nombre d'entre-elles ne payent pas leurs stagiaires, qui effectuent leurs tâches pour le prestige de l'organisme. Ainsi en est-il du Ministère des Affaires étrangères français ou de l'ONU et du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) pour ne citer qu'eux!. Dans ce cas de figure, la Commission européenne, pourtant bien souvent brocardée en raison de son côté bureaucratique, fait quasimment figure d'exception en rémunérant honnêtement ses stagiaires.

Concernant les missions données aux stagiaires: cela peut-aller du "stage google" à l'occupation d'un vrai poste à responsabilités. Génération Précaire nous éclaire ainsi sur la formation de stagiaires par ... des stagiaires. Difficile à croire, mais ça existe!!

Le plus dramatique dans tout cela, c'est que cette situation existe depuis relativement longtemps, et à tendance à s'aggraver. Il n'est pas rare aujourd'hui de cumuler des stages pour se créer sa propre expérience au risque d'avoir un parcours illogique et de perdre en crédibilité auprès de l'employeur. Aucun homme politique n'en parle alors qu'on est actuellement en pré-campagne pour les présidentielles. Et ce phénomène de précarisation qui pousse les stagiaires à galérer en moyenne trois ans après leurs études sup' pour trouver un véritable emploi, se poursuit dans toute l'Europe! Montez à BXL! C'est "Intern-land" là-bas! Les soirées de stagiaires brassent des quantitées de jeunes adultes (entre 24 et 30 ans disons) surdiplômés et dans la course au CDD.

Génération précaire propose de signer une pétition pour pallier ces dysfontionnements et offrir un véritable statut au stagiaire. Aujourd'hui, déjà 14 924 personnes l'ont signé. (Je suis le 14 925). Si vous vous sentez concernés, signez là: http://www.generation-precaire.org/Petition-pour-la-reforme-du-statut#sp6

Et pour en savoir plus sur ce mouvement, ses revendications concrètes, lire des témoignages, cliquez ici:

http://www.generation-precaire.org/

1 Comments:

Blogger rien said...

Merci charly...j'me sentais un peu seul ici...

10:30 AM  

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