10 albums pianistiques pour une île déserte!





Juste une p'tit jeu avec moi-même. Complètement inutile, si ce n'est que je vous fait partager mes goûts musicaux!
Pourquoi l'île déserte? C'est vrai qu'a priori cela ne me viendrait pas à l'idée d'emmenner que des albums instrumentaux. Je crois qu'il me faudrait des paroles et des voix humaines pour éviter de sombrer dans la solitude et la folie en prenant avec le temps un ballon Wilson pour Vendredi! Juste pour montrer l'importance de mes choix et pis pour faire comme dans les mag' de musique! (lol). Private joke.
Pourquoi seulement de la musique pour piano? Simple: je fais du piano et c'est encore l'instrument qui m'émeut le plus. Puis c'est, à l'instar du Lion dans la catégorie des animaux, le roi des instruments! (lol)
Alors maintenant dévoilons la sélection:
1: Baptiste Trotignon: "Solo I & II"
Je triche déjà puisque je présente deux albums au lieu d'un. Mais je conçois ces deux disques comme une suite logique du travail et de la recherche artistique du pianiste. Baptiste Trotignon, pianiste de jazz français qui s'est fait connaitre du grand public en gagnant le Django d'or d'espoir en mars 2001 et en jouant avec la fine fleur du jazz français actuel (David El-Malek, Dré Pallemaerts, les frères Moutin et les frères Belmondo pour ne citer qu'eux), nous joue quasi-uniquement que des compositions originales. D'entrée ce qui frappe à l'écoute de sa musique, c'est son univers si particulier, à la croisée des chemins entre un jazz moderne et une écriture sophistiquée empruntant au répertoire classique de génies comme Debussy ou Ravel. Cet homme là a un touché exceptionnel, un sens de la mélodie en constante évolution et un tempo parfait. Un artiste qui saura réconcilier les ferrus de jazz et de musique classique!
A écouter: "The dream is gone", "Youpala", "Como tu me voi", "Ostea", "Music for a while", "Love me tender", Julia", "Que reste-t-il de nos amours?".
2: Gonzales: "Solo piano"
Personnage avant tout, ce canadien s'est fait connaitre d'abord en s'auto-proclamant "the worst mc" et en jouant une musique foutraque tantôt rappée, tantôt électro-expérimentale le tout habillé total rétro-rigolo. Puis, en 2004 sort cet ovni dans la discographie du Monsieur. On découvre un musicien sensible, imaginatif, très inspiré d'artistes comme Erik Satie ou encore Debussy. Il nous livre dans cet album une petite série de 16 chef d'oeuvres. Petites pièces très courtes (la plus longue fait 4'34 min) et savoureuses. Parfois mélancoliques, mais toujours très mélodiques. L'homme ne cherche pas d'ailleurs à noyer son auditeur dans d'interminables chorus lointains du thème de départ. Jouer avec la mélodie, tel est son crédo et tel est notre plaisir en écoutant cette oeuvre originale.
A écouter: tout. Rien n'est à jeter.
3: Glenn Gould: "Bach: the well-tempered clavier"
Facile, je le reconnais. Mais Bach joué par Glenn Gould, c'est quand même quelque chose de fabuleux pour ne pas dire de jouissif! Il a tout compris du génie de Bach: dynamique, voix intérieures (contrepoints), mécanique céleste, chant des dieux. Ecouter Bach nous oblige à se poser la question de l'existence de Dieu. Sans rentrer dans cet interminable et impossible exercice intellectuel, force est de constater que s'inspirer de Dieu peut s'avérer bénéfique pour l'art! Certains poseurs de bombes devraient peut-être se mettre au piano tient!
A écouter: Tout, encore une fois.
4: Thelonious Monk: "The London Collection: Volume One"
Ah, Thelonious Monk! C'est véritablement le premier pianiste de Jazz que j'ai écouté, réécouté, pendant des heures et des heures. Plus encore que Keith Jarrett je crois. Et pourtant Dieu sait que je l'ai écouté aussi celui-là!! Rendons à César ce qui appartient à César. Si j'ai découvert ce génie, et le second également, c'est grâce à mon père qui l'écoutait à la maison. Tout de suite sa musique m'a parlée et j'ai su rentrer dans son univers hors du commun. Il n'est pas le musicien le plus véloce certes, mais son jeu est unique. Dans cet album, on retrouve la tradition (le piano stride) et la modernité de sa musique. Ses compositions sont aujourd'hui quasimment toutes des standards. Et pourtant, il s'agit de thèmes bien souvent complexes, pour ne pas dire barrés, avec des enchainements d'accords déconcertants, mais toujours accompagnant une mélodie enjouée. Il y a du bonheur dans sa musique. Bonheur qu'il n'a peut-être pas connu pourtant. L'homme aux chapeaux loufoques s'est enfermé au début des années 1970 dans un mutisme total, atteint de schyzophrénie depuis des années, il mourra seul, autour des chats de la Baronne de Panonica le 17 février 1982. Il s'agit ici de ses tout derniers enregistrements phonographiques. Les meilleurs sans doute! En guise de testament.
A écouter: "Trinkle Tinkle", "Crepuscule with Nellie", "Darn that dream", "Nice work if you can get it", "Loverman".
5: Michel Petrucciani: "Promenade with Duke"
Encore un géant (malgré son nanisme) qui nous a quitté trop tôt! Le petit bonhomme atteint de la maladie de crystal (maladie des os qui les rend très fragiles, au point de casser comme du crystal) dès sa naissance, cela n'a pas empêché l'animal de se frotter au piano très jeune. Il atteint très vite une technique et un jeu pianistique impressionnant à force de labeur. L'homme dira, au cours d'une interview qu'il ne "crois pas au génie, seulement au dur travail". Certes, il a sans doute raison. Reste que Michel Petrucciani a du génie. Cela s'entend dans son jeu, ses phrases, son sens du groove, sa générosité débordante. Dans cet album en hommage à Duke Ellington, le pianiste reprend ses plus grandes compositions: "Caravan", "Lush life", "African Flowers" ou encore "Satin Doll". Tout le jeu du pianiste français est là. Pour notre plus grand bonheur. Un album accessible et grâcieux.
A écouter: "Caravan", "In a sentimental mood", "One night in the Hotel", C-Jam blues"
6: Keith Jarrett: "Facing you"
J'aurai pu, par facilité, choisir ici le fameux "Kohln Concert", éloge du lyrisme modal décontracté. Mais j'ai préféré vous mettre un album moins connu mais tout autant magique! Son album solo de jeunesse: "Facing you", enregistré en 1972. Et déjà tout l'univers de Keith Jarrett est présent: envolée lyrique, dextérité, folk, country, gospel. Musicien complet, perfectioniste et prolyxe, Monsieur Jarrett nous livre ici 8 morceaux originaux: groovy: "In front" ; brut: "Ritooria", romantique: Lalene" ou encore très planant: "My lady; my child".
A écouter: " Ritooria", "Lalene", "My lady-my child"
7: Chick Corea: "Children's Songs"
Comment oublier mon artiste favori?! J'ai choisi ici une facette de l'artiste que l'on connait moins; loin, très loin de ses projets électroniques futuristes tels Return to Forever ou acoustiques comme "Now he sings, now he sobs". On peut lire dans les notes du cd que le musicien s'est inspiré du monde de l'enfance pour écrire ces petites chansons très courtes et denses. Il en ressort une fraicheur indiscutable, une forme d'écriture assez complexe mais très mélodique grâce aux nombreux ostinatos, un son cristallin et une interprétation percussive maligne et efficace. Le dernier morceau intitulé "Addendum" est une composition pour trio piano-violoncel-violon qui n'est pas sans rappeler l'atmosphère du fameux trio de Ravel en la mineur en plus moderne (quoi que) peut-être.
A écouter: d'une traite!
8: Alain Planès: "Children's corner, suite Bergamasque, Images I & II"
Amateur d'art, de peinture et de poésie, il n'est pas étonnant de retrouver ce brillant et modeste pianiste français interpréter du Debussy. Et comment? J'avais auparavant écouté ses deux albums précédents ou il enregistrait l'intégrale des Préludes ainsi que celle des Etudes du plus grand musicien impressioniste du siècle dernier, et déjà l'on retrouvait ce style percussif, tout en relief. Il a toujours voulu enregistrer sur des pianos d'époque (Bechstein 1897 pour les préludes par exemple) pour faire resurgir l'atmosphère unique des compositions de Claude Debussy. Ici il interprète ce que l'on pourrait définir comme le corps de l'oeuvre pour piano du compositeur. On y retrouve la fameuse suite Bergamasque avec son poétique "Clair de lune" ainsi que l'intégrale des "Images", fabuleux bouillonement d'ambiance aquatique. Debussy aimait dire "Quand on n'a pas l'occasion de se payer des voyages...il faut y suppléer par l'imagination." Il a raison. Si si, fermez les yeux, écoutez, vous êtes déjà dans le jardin d'eden!
A écouter: "Suite Bergamasque"
9: Pascal Rogé: "Après la pluie"
Le pianiste nous interprète ici les plus célèbres compositions d'Erik Satie. Surréaliste avant l'heure, ce compositeur français du début du XXème siècle aimait aggrémenter ses partitions de conseils destinés à l'interprète tout aussi loufoque voir absurde les uns que les autres. Homme déconcertant, à moitié clochard, il n'en a pas mois crée une oeuvre simple (surtout pas simpliste! Sa musique est difficile à interpréter parce que justement simple si on veut lui donner toute sa profondeur. Impossible ici de se cacher derrière sa technique) entièrement consacrée à la recherche de la mélodie la plus épurée possible. Pari réussi. Et d'autant plus mis en valeur par Pascal Rogé qui respecte ce devoir réserve. Ici le pianiste joue tout en retenue, laissant retomber les notes avec finesse. Il m'est maintenant très difficile d'écouter une autre version des Gymnopédies ou des Gnossiennes par un autre pianiste-interprète!
A écouter: Les gymnopédies, les gnossiennes, Pièces froides, Avant-dernières pensées, Prélude de la porte héroïque du ciel.
10: Alexandre Tharaud: "Ravel: l'intégrale de l'oeuvre pour piano"
Difficile de squizer le pauvre Maurice Ravel lorsque l'on a évoqué plus haut l'oeuvre de ses deux frères d'armes: Debussy et Erik Satie. On a déjà tout dit sur cet artiste hors pair: Ravel miniaturiste, Ravel orchestrateur, Ravel poète de l'enfance, Ravel pince-sans-rire ou encore l'horloger suisse. Images réductrices il est vrai. Ravel était bien plus complexe que cela. Il a été avant tout un musicien complet et a composé dans tous les registres: oeuvres vocales, trio, quartet à cordes, symphonies, etc. Mais c'est peut-être dans son oeuvre pour piano qu'il se livre le plus et met sa musique entièrement à nu. On retrouve son jeu baroque, ses airs élégants: "Valses nobles et sentimentales", "Sonatine", "Pavane pour une infante défunte" ou encore "le Tombeau de Couperin". Alexandre Tharaud joue ici merveilleusement bien, comme à l'accoutumée j'ai envie de dire. J'avais déjà été subjugué par son album qui nous faisait découvrir les suites en la et en sol de Rameau, prélude à la musique de J-S Bach. Rien d'étonnant de retrouver toute cette verve et ce talent dans cette interprétation réussie de l'intégrale de l'oeuvre pour piano de Maurice Ravel.
A écouter: "Valses nobles et sentimentales", "Gaspard de la nuit", "Le tombeau de couperin", "Pavane pour une infante défunte", "Jeux d'eau", "Alborada del Gracioso" ou encore "A la manière de Borodine".
Pour les amateurs de piano, un site sympa: http://www.pianobleu.com/
3 Comments:
Gaspard de la nuit c'est aussi le titre d'un bouquin d'Aloysius Bertrand.
Et sinon, tu penses quoi du single de la star ac': "Y a qu'un ch'veu sur la tête à Mathieu..."
L'initiative est certes louable la question n'est pas là, mais ce partie pris sur le piano me fend le coeur (pour reprendre une celèbre expression d'highlander) et il eut été plus judicieux voir courageux de proposer les 10 meilleurs albums de mandoline...
Si si y'a un public pour la mandoline !!
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